Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 décembre 2011 7 25 /12 /décembre /2011 18:25

                                                      Grosse colère

Où le monsieur perd son vernis en même temps que son calme

ceramique 001

 

Vous ne le croirez pas et pourtant, notre serviteur jovial vire en moins quatre secondes au rouge vif et entreprend de débarrasser nos assiettes à peine entamées en criant  que plus jamais il ne recevrait des français, qui sont odieux, qu’il nous a reçues comme des amies, … Il mêle le français, l’allemand et l’anglais et ressort les assiettes dans les mains, la taille cambrée de colère et toujours aussi rouge. Clara se tord de rire. J’essaie de lui expliquer qu’il vaudrait mieux filer doux et essayer de partir d’ici sans encombre, qu’elle risque de l’énerver encore davantage avec  son air moqueur mais elle s’en fiche. Elle se réjouit du bon spectacle joué par notre hôte.

 

                                       La dame aux grues cendrées

Où l’atout charme vient un peu tard

immeuble godart 001

 

Nous en sommes à nous demander comment récupérer notre chèque (nous comprenons mieux, du coup, la raison pour  laquelle il faut ici payer avant), quand une dame, au visage tragique, les yeux naturellement cernés de brun, la bouche triste, entre dans la pièce. Sans nous dire bonjour, elle se dirige vers la fenêtre qui est près de notre table et nous parle des grues cendrées et des chevreuils qui viennent parfois à l’aube, dans le parc.

Elle prétend que c’est un spectacle qu’on ne peut pas manquer. Bien qu’elle n’aie pas l’air d’avoir toute sa tête, nous misons sur son calme pour lui annoncer que nous désirons partir dès maintenant et, si possible, récupérer notre chèque. Cette demande nous coûte un peu car la dame parait si détachée des contingences matérielles que nous avons peur qu’elle ne s’évapore comme un fantôme à la seule mention du vilain mot « chèque ».

 

Partager cet article
Repost0
5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 19:31

Suppléments, servilité et surprises

Un service de restaurant désuet et d’une grandiloquence déplacée dans une maison d’hôtes

 

Nous sommes seules à table, ce qui n’est pas la coutume. Aux tables d’hôtes, les hôtes se mélangent aux hôtes (sic !*) c’est même un peu l’idée : partager la vie d’une maison, c’est en partager les repas. C’est ce qu’on appelle la convivialité.

Nous sommes servies avec force courbettes agaçantes (« comme des reines ») mais… le vin est en supplément. Clara prendrait bien un verre mais c’est la demi-bouteille qu’il faut s’offrir. Va pour la demi-bouteille. La table ronde est belle, recouverte d’une nappe de tissu blanc, le monsieur, le coude plié, tourne autour avec une serviette impeccable pliée sur le bras : nous sommes au théâtre.

 

avec pointe de rouge 001

 

* je n’ai jamais pu m’habituer à ce que ceux qui reçoivent, les hôtes, portent le même nom commun que ceux qui sont reçus : les hôtes. C’est une absurdité incompréhensible. C’est le chaos, la confusion, c’est une erreur de la langue française.

 

Le repas : apothéose de médiocrité

Où même avec la meilleure volonté d’indulgence…

 

Toujours tourbillonnant et aussi bavard qu’un pilier de bar, le monsieur apporte l’entrée. Une tranche de pâté de légumes avec 3 feuilles de salade. Heu… oui, bon, diététique alors ! Où sont les foies gras, les coquilles saint Jacques, par Toutatis  qu’on m’apporte le sanglier !

 

Impossible d’avoir une conversation avec ce pantin qui jaillit sans cesse dans notre dos. L’entrée desservie, il apporte le plat de résistance et repart aussitôt. Il s’agit d’une bouchée à la reine (vol au vent ?) avec une mini-botte de haricots verts. Même pas la moindre trace de ris de veau dans la bouchée (j’ai eu le temps de vérifier).  Il a alors l’audace de nous demander si tout se passe bien. Clara, sans se démonter l’informe calmement que « nous sommes un peu déçues ».

 

... à suivre
Anne-Sophie Brard
Partager cet article
Repost0
30 septembre 2011 5 30 /09 /septembre /2011 13:45

Des plaintes de toutes sortes. Première partie : le château de X

 

Les plaintes que reçoit l’auteur entraînent presque toujours des visites incognito.

Autant dire qu’il est impératif de dormir dans les adresses (rares) pour lesquelles nous avons reçu des plaintes, et que ce n'est pas nécessairement la part la plus agréable de notre travail.

Il ne sait pas que nous avons reçu des plaintes

 

L’adresse où nous allions dormir ce soir-là, pas très loin de Béziers et indument nommée « château de X » a fait l’objet de deux plaintes, détaillées, dont une racontait une rocambolesque course-poursuite dans le jardin pour un différend à propos de carte bancaire. Nous étions curieuses mais circonspectes



 

jardin ombre 001Un accueil obséquieux et vénal

Une maison presque banale, dont le propriétaire ne nous revient pas

 

Le-dit « château » n’est qu’une grosse maison (et on a vu de plus grosses et de plus belles) cubique planté sans grâce au milieu d’un  jardin assez banal.

Le propriétaire nous accueille presque avec un claquement de talon, se plie en deux en un simulacre de baisemain. Amusant. Il réussit à combiner de la courtoisie souriante avec une raideur, une froideur, qui affleurent. Clara et moi faisons ostensiblement attention à ne pas nous regarder pour éviter le fou-rire;

Précaution inutile, car nous n’avons plus du tout envie de rire quand il nous demande dès l’entrée (carrelage blanc et noir, rampe en fer forgé, la même froideur que le monsieur) de régler notre nuit et les repas que nous avions réservé (170 F/personne pour un diner, on ne se refuse rien).

On paye d’abord

 

« C’est comme ça que ça se passe dans les maisons d’hôtes »

 

La « coutume » a bon dos, devant notre étonnement, il nous assène si péremptoirement cet argument que nous aurions presque pu douter un instant des dizaines de maisons d’hôtes dans lesquelles nous avons dormi et dîné, sans que l’argent ne soit jamais évoqué avant le petit déjeuner. Cet homme est un manipulateur, sa maison n’a pas sa place dans le guide, quelques minutes ont suffit pour nous en convaincre. Nous n’envisageons pourtant pas de partir car c’est notre travail et nous préférons étayer solidement son éviction. Nous aurions mieux fait (de partir aussitôt) !

 

 

verrière raproché 001

Anne-Sophie Brard

Partager cet article
Repost0
10 août 2011 3 10 /08 /août /2011 17:51
Pourquoi dormir à l'hôtel ?

Clara préférait dormir dans les hôtels quand elle travaillait, ce que je ne comprenais pas, car j'aimais la chaleur humaine des maisons d'hôtes.

Depuis lors j'ai compris. A l'hôtel on est libre, indépendant, il y a un restaurant où l'on dîne tranquillement, même s'il n'est pas toujours excellent, et surtout, à l'hôtel il n'y a pas mensonges à faire, pas de situations fausses ou l'on se sent indiscret et fourbe.verrière 2 001 °°

Quand on dîne avec les hôtes à leur table sans qu'ils sachent qui nous sommes et que l'on doit discuter avec eux, on marche sur des oeufs. Il est à supposer que le choc de la "révélation" du lendemain, après le paiement de la facture leur fasse oublier tous nos propos de la veille, mais sur le moment, c'est inconfortable. Avec les hôtels les relations sont de professionnels à professionnels.

Avec les maisons d'hôtes, l'attachement que les propriétaires portent à leur maison, la charge affective peut parfois nous peser d'une trop lourde pression, d'autant qu'à l'époque où j'ai commencé notre guide avait peu de concurrence et certaines maisons nous ont dit faire aux alentours de 70 % de leur chiffre d'affaires grâce à leur présence dans le guide.

cheminée 001





D'où... le pouvoir.

Utilisé, j'ai pu le constater au cours des années, trèsdiversement par les visiteurs. Tous, semble-t-il, se sentent légitimés par le fait de devoir écrire - ou pas - un texte sur les adresses visitées. Texte qui sera publié et donc sacralisé par la magie du papier et de sa pérennité (même si les guides paraissent tous les ans). Voici quelques exemples de la façon dont ils conçoivent l'exercice de ce pouvoir.

La cliente difficile

Caroline faisait la cliente difficile, pour voir comment réagissait les hôtes dans les situations compliquées. C'est une option courageuse mais qui aurait pu être tout à fait efficace si Caroline avait été capable de surcroit de ne pas tenir compte de ses préférences personnelles.

Même si, bien sûr, nous ne pouvons juger qu'à partir de notre ressenti, il convient ensuite d'en faire la part et de se recentrer sur les lecteurs. Nos enthousiasmes comme nos inimitiés* personnelles ne doivent jamais nous faire perdre de vue que ce sont les lecteurs, qui nous font confiance, qui iront dépenser leur argent et leur temps de vacances dans les adresses sélectionnées.


table rouge 001Les deux extrêmes : froid, chaud

Emma quant à elle était froide et ne pipait mot, sauf pour poser des questions techniques (le nombre de mètres carrés et pourquoi cette suite avait un rideau pour entrée et non pas une porte, ...) Elle ne sympathisait pas, par rigueur professionnelle et ne craignait pas de passer pour un glaçon. Eric, était fort sympathique au contraire, et tout le monde l'adorait et se souvenait de ses visites même des années après.

Ce qui ne l'empêchait nullement de ne pas sélectionner des adresses qui ne convenaient pas. Peut-être qu'Emma protégeait sa sensibilité alors qu'Eric soignait surtout l'impression qu'il donnait.  Clara, de son côté, était naturelle, un brin moqueuse par moments, c'est sa nature, mais aimable quoique tout à fait rigoureuse.

Attentive, aux aguets, et ostensiblement timide

Nous formions une équipe, quoique renouvelée en partie chaque année ; nous prenions ensemble les décisions finales et nous peaufinions les textes pour qu'ils donnent un maximum d'informations tout en restant "écrits".

Le style se devait d'avoir une unité mais une des richesses de ces guides étaient l'indépendance des visiteurs-rédacteurs.lampes alluyes (6)

Après avoir absorbé de toutes les façons possibles, même intuitive et inconsciente (est-ce un pléonasme ?) les informations, pris des notes et quelques photos, et donné un "surnom" * à la maison ou au propriétaire, je laissais passer quelques jours avant de mettre les textes en forme - presque- définitive, déjà bien avancé par mes notes (revues chaque soir, à chaud).

Je n'étais pas impressionnante, je le savais, mais il était intéressant de voir la réaction des hôtes en face de quelqu'un qui leur laissait la possibilité de s'imposer. De plus, mon attitude avait l'indéniable avantage de les mettre tout à fait en confiance. Dès ma troisième année j'ai emmené ma fille en tournée, alors âgée de 6 ans, ce qui me rendait insoupçonnable.

Une forme de clairvoyance

Voila quelques échantillons des différentes attitudes que nous avions choisies pour exercer ce métier à la fois "technique" et immanquablement biaisé sur le plan des relations humaines.

La plupart des adresses désiraient vivement entrer (ou demeurer) dans nos guides ; et déroulait facilement le tapis rouge pour cela. Nous avions pour mission de voir sous le tapis.

 

* voir article "enthousiasmes et inimitiés : à surveiller !"

Anne-Sophie Brard

Partager cet article
Repost0
10 août 2011 3 10 /08 /août /2011 17:51

Enthousiasme

Dans un ravissant petit village à flanc de colline, j'ai visité avec Clara une incroyable maison dont l'entrée principale sur la rue était le 3 ème étage. Le jardin clos, d'une sobriété monacale procurant un sentiment de paix immédiat, se trouvait tout en bas, du fait de la dénivellation du terrain.

Cette maison, déjà unique en soi, était habitée par un couple passionnant, une anthropologue assez féministe et son mari, architecte. La décoration originale et chaleureuse, un peu de désordre et beaucoup d'œuvres, peintures, sculptures soigneusement choisies, mais en un décor vivant (une statuette était entourée de plans d'architecte, une statuette nomade sans doute). Au petit déjeuner, sur une terrasse gaiement fleurie dominant le jardin, nous avons eu une conversation passionnante et je suis sortie emballée. Je voyais déjà nos lecteurs profitant de la conversation de ce couple cultivé et libre d'esprit.

potager petit format 001

Mais, non, la maison n'entre pas dans nos critères

Clara pourtant m'apprend que cette maison n'est pas retenue. En effet la salle de bain n'était pas tout à fait aussi propre qu'on aurait pu le souhaiter, entre autres petits défauts. J'argumente avec fougue mais Clara me pose la question qui me fait rendre les armes : "as-tu envie de passer une autre nuit dans le lit en mauvais état, avec une couverture trop mince et qui glisse ?". Nous avions très mal dormi, je ne pouvais pas le nier et nous travaillons pour un guide de chambres d'hôtes... Longtemps j'ai été tentée de recontacter discrètement nos hôtes pour leur donner les conseils dont ils avaient besoin, je n'ai jamais osé, j'étais trop novice. Plus tard grâce à une maison dans ce même village, avec un propriétaire qui me faisait rire au téléphone, j'ai su que la maison n'accueillait plus de visiteurs. Clara avait donc eu doublement raison.

Inimitiés

Il y a aussi ceux qui nous hérissent

En contact par téléphone avec un monsieur de très mauvaise humeur, qui m'a crié dans les oreilles puis, sans me laisser placer un mot, raccroché au nez . Le lendemain le monsieur se plaint à mon directeur, qui l'informe que je ne suis pas responsable de l'erreur reprochée, que j'ai réparée dans l'heure, au demeurant... Innocente, je croyais avoir un petit mot d'excuse et rien ne vient. L'auteur du guide décide donc de m'envoyer visiter la maison pour régler la question.


En plein délire

Comme j'ai annoncé mon arrivée, c'est Madame qui me reçoit et Monsieur rode dans le jardin, puis finit par nous rejoindre dans le salon. Je lui demande des explications avec la neutralité et la courtoisie de rigueur (tous les visiteurs n'auraient sans doute pas été si patients mais je m'enorgueillis de ne jamais utiliser ce pouvoir trop facile). Aussitôt, le sanguin se réveille, le caractériel se révèle, et je finis par être moi-même légèrement agacée. Je lui demande s'il ne fait jamais d'erreurs, s'il est parfait. J'espérais  lui clouer le bec. Pas du tout ! Il me répond que oui, il est parfait, ce qui me fait rire, ce qu'il prend mal, il sort.

Embarras et silence

Il faut reprendre la conversation que nous menons toujours à bâtons rompus à la fin de la visite, de façon à se faire une meilleure idée de la personnalité des hôtes. J'ai tenté, tout en tact après cette scène inhabituelle et bouleversante, d'obtenir des explications, de savoir si ces scènes étaient courantes, rien à faire. Le seul élément à prendre en compte, c'est que c'est madame qui s'occupe des chambres d'hôtes, une artiste reconnue dans sa région, une femme élégante et douce quoique pas sans personnalité. Elle reçoit bien et nous n'avons jamais reçu de plaintes, la maison et sa décoration sont belles, le jardin soigné.

soleil place
Décision validée, la maison sera dans le guide

Nous gardons la maison - que Clara et moi avions d'ailleurs sélectionnée lors de notre première tournée - mais en restant plus particulièrement vigilants concernant les éventuelles plaintes*. Pas question de garder une maison où les hôtes risquent de se sentir mal reçus. Comme la maison "tendance" de ma première journée, nous exprimons dans le texte** des réserves sur l'accueil avec une formule que nos lecteurs interpréterons entre les lignes, comme ils savent le faire.

 

* article à venir : "des plaintes de toutes natures, amusantes à sidérantes"

** article à venir : "Sur le chemin de Carcassonne, la fatigue nous rejoint"

 

Anne-Sophie Brard

Partager cet article
Repost0
10 août 2011 3 10 /08 /août /2011 17:50
porche grolleau 001Le premier vrai soir de ma première tournée
Incognito

Le soir même de la visite à la maison des vignes, nous avons dormi dans un cadre nettement plus champêtre.

L'accueil un peu froid, à l'instar de ce que j'ai pu constater dans la plupart des clubs hippiques, ne nous a pas incité à fermer les yeux sur la gadoue en bas de l'escalier qui menait à notre chambre, au confort presque spartiate, ni sur le brouet servi dans l'auberge recommandée par les propriétaires. 

Cette adresse a donc laissé passer sa chance sans même le savoir, nous sommes parties après le petit déjeuner, et une fois la facture payée, nous n'avons pas vécu le moment intense de la "révélation". Nous sommes parties incognito, sans regret vers d'autres aventures.


D'une maison à l'autre
un hôtel artistique chaleureux, suivi d'une maison tendance et froide

Un drôle d'hôtel auquel le patron, artiste-peintre à ses heures perdues - nombreuses si l'on en juge par la quantité de sa production en surabondance sur les murs à tous les étages - avait réussi à donner une âme, quelque chose de vivant, de particulier, bien sur, un peu envahissant, mais unique et chaleureux, sans compter que les grands parasols se mêlant aux grands arbres donnaient au grand jardin un vrai charme bucolique, suffisamment clos pour se sentir protégé du monde.

 

Sa femme venait d'ouvrir une maison d'hôtes non loin de là, une nouveauté donc, alors que l'hôtel n'était qu'une visite de contrôle (tout peut changer si vite, se dégrader ou s'améliorer, une veille permanente est nécessaire et nous étions employées par un guide sérieux).

Beaucoup moins originale que son mari, plus snob aussi, une bourgeoise qui avait habillé sa maison au goût du jour, de beige et de gris (pardon : mastic et souris, ou miel et ardoise, que sais-je) et voilage en voile de lin blanc, et pratiquait des prix à la hauteur de son investissement mais également à la mesure du budget de sa cible, qu'elle avait parfaitement évaluée.

Nous n'avons pas sympathisé avec la dame mais cela n'ayant rien à voir avec notre travail, sa maison sera dans le guide, car elle correspond à une catégorie de nos lecteurs. Nous n'évoquerons pas l'accueil* dans le texte, voila tout.

ma place 001


Cette journée entre trop de "tendance" et... pas assez s'acheva dans un petit hôtel qui n'avait pas de chambre à deux lits, c'est le seul souvenir qu'il m'ait laissé et c'est bien peu.

 

* article à venir "les termes de l'accueil"

 

Anne-Sophie Brard

Partager cet article
Repost0
10 août 2011 3 10 /08 /août /2011 17:49
chapell de corneille 001Découverte

De chauffeur en boutade, j'étais devenue visiteur-rédacteur, en formation, donc. J'avais un contrat en bonne et due forme et le premier matin, je cachais mal mon émerveillement d'une vie si douce en prenant le chemin qui conduisait à une maison de belle taille, plantée au milieu des vignes.

Il restait juste assez de place entre la maison et les vignes pour un jardin fleuri avec élégance. Une table et ses chaises installés dehors achevaient le dépaysement. De Paris ou de Normandie, du pays de Caux à la Provence, il y a un monde.



Clara, à l'aise et à la limite du blasé, faisait tout le travail : elle disait bonjour, consciente d'être attendue, posait les questions, toujours aimable, voire rigolote par moments, parfaitement attentive cependant, aux détails qui peuvent signer l'éviction d'une adresse (nous y reviendrons). 

Avez-vous déjà essayé de prendre des notes debout, voire en marchant ?  Cet exercice un peu périlleux me permettait de rester un chouïa en retrait.

potager petit format 001

Première visite de maison d'hôtes

 La maison était parfaite, du genre bobo-tendance, de celles qu'on voit en photo dans les magazines de décoration hors de prix.

Dans la chambre j'ai appris un nouveau mot "pare-feuilles". Le sol en était pavé, alors que ce sont à l'origine des rectangles de céramique aux couleurs chaudes qui sont glissés sous les tuiles du toit ;

Détournement, recyclage, mise en valeur d'un objet autrefois caché, nous étions pile dans les poncifs du bien-faire, du bien-penser de l'époque (2000 pile), et sans parler des tableaux et œuvres d'art, non pas chinés mais achetés ou donnés par des amis artistes.

Cet aperçu d'une vie, de cette apparence de vie - car même si nous inspections les chambres et les salles de bains, nous n'entrons jamais dans la partie privée - nous restions dans un endroit public, conçu pour être vu, apprécié, conçu au mieux pour qu'on en redemande - m'aurait rendu malade d'envie si je n'avais été aussi reconnaissante de tant de beauté.

 

Après un café dans l'immense cuisine-salle à manger et les dernières questions d'usage, les plus prosaïques, en allant vers la voiture,  j'admirais les iris au plus fort de leur floraison, alors que dans mon jardin, ils fleuriraient en juillet -  nous étions début mai.

verrière raproché 001

De l'amitié

Clara s'amusait de mon enthousiasme, rafraîchissant sans doute et qui lui permettait de se sentir pleine d'expériences que je n'avais pas, de sagesse donc, ce qui teinta par la suite notre relation d'une légère condescendance de sa part.

Mon enthousiasme était légèrement déplacé, preuve d'une naïveté qui me rendait plus sympathique à Clara. Quoi qu'admettant volontiers mon incompétence de débutante et mes maladresses, j'étais un peu vexée que ces faiblesses puissent réjouir mon amie.

Anne-Sophie Brard

Partager cet article
Repost0
9 août 2011 2 09 /08 /août /2011 13:17
manoir Alençon 001 (2)

Une décision soudaine autant que surprenante

Imaginez la mère de deux filles, dont une jeune ado et une petite qui n'a pas 3 ans, en congé parental.

En face de son amie Clara, qui visite pour un guide des endroits magiques et fait de nombreuses rencontres en toute liberté (du moins en apparence) elle peut parfois se sentir grise, neutre et sans relief. C'est dans ces circonstances que Clara annonce à notre héroïne qu'elle ne fait pas de tournées cette année, car son co-équipier habituel est parti vers d'autres aventures. Et Clara ne conduit pas. AnnSo conduit et se propose aussitôt comme chauffeur. C'était une boutade.

Ce n'était pas une boutade. Et c'est ainsi que les deux amies se retrouvent un matin à la gare de Lyon , "rendez-vous sous la grande horloge, tu sais, près du portillon" direction Avignon. AnnSo, mère indigne, se réjouit de passer 3 semaines de "vacances", sans les enfants, qu'elle a confié sans état d'âme à leur père.



Orage à Avignon, le sud est à Orange

Même le voyage par le train a été un plaisir.  A Avignon, c'est sous une pluie battante que nous allons chercher la voiture réservée par Clara qui, habituée depuis plus de 10 ans, organise ses tournées aux petits oignons, sans se laisser démonter par les plus invraisemblables contretemps.

C'est à Orange que nous passons notre première nuit, dans une chambre à deux lits (ouf, mais ce ne sera pas toujours le cas, à la guerre comme à la guerre) d'un petit hôtel dont le charme réside essentiellement - mais ce n'est pas peu - dans la vue que ses fenêtres offrent sur une place plantée de platanes, où la douceur du sud nous cueille enfin.

fleurs rouille ++

Cohabitation

Au petit matin, c'est une autre histoire : Clara se réveille avec les infos et reste branchée dessus jusqu'à ce qu'elle ait faim, ce qui prend un certain temps. Je m'éveille vulnérable et perméable, comme si, en m'habillant je revêtais une armure nécessaire pour affronter le monde et dont je me suis dépouillée la nuit.

De surcroît, j'ai toujours faim. Comme si cette douloureuse constatation de nos différences ne suffisait pas, la radio nous informe d'un orage en Normandie, où j'ai laissé mes filles, qui aurait provoqué un écroulement de je ne sais quoi... bref la panique au saut du lit.

Heureusement, le petit déjeuner me requinque, le climat clément et la perspective de commencer mon apprentissage m'enchante à nouveau.

Anne-Sophie Brard

contact : annesoweb@hotmail.com

Partager cet article
Repost0
9 août 2011 2 09 /08 /août /2011 11:49

Les aventures d'un auteur de guides touristiques 

 

Il est un préambule nécessaire au récit du quotidien d'un métier qui n'a pas vraiment de nom (auteur-itinérant ? visiteur-mystère ? rédacteur-testeur ? ...) mais qui laisse rarement indifférent lorsqu'on l'évoque.

Si la fonction n'a pas de nom, nous nommons cependant nos voyages : ce sont des tournées, ce qui a un petit côté rock-star pas déplaisant, quoique n'ayant de comparable que les longues heures de route et les nuits dans des lieux toujours différents.

Organisation. Avant de partir

Les tournées vont de 3-4 jours à plus d'un mois. Nous avons pour mission de visiter 3 à 4 adresses par jour (en comptant celle de la nuit dans laquelle nous séjournons toujours incognito) préalablement soigneusement sélectionnées par les auteurs, en charge de la cohérence éditoriale, répartition géographique, équilibre esthétique, rapport qualité/prix...

 

rideau orange mur vert 001
Avant de partir, munis de cartes des régions à arpenter, agrémentées de petites vignettes de couleurs différentes*, il faut réussir à réserver nos nuits - sous un faux nom, de préférence - en tenant compte des distances. C'est sans doute la partie la plus acrobatique et qui provoque le plus d'inquiétudes. Car une adresse (maison d'hôtes ou hôtel) qui n'a pas de place pour la nuit souhaitée peut nous rajouter, selon les régions, des centaines de kilomètres.


Voila pour la cuisine interne, en résumé, passons au récit, aux anecdotes, aux galères et aux rencontres. (voir articles suivants)

 

* 4 couleurs : nouveautés ou visites de contrôles pour les maisons d'hôtes et les hôtels


Anne-Sophie Brard - Contact : annesoweb@hotmail.com

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de visiteur-mystere
  • : La vie quotidienne d'une visiteuse d'hôtels et de maisons d'hôtes, rédactrice pour des guides d'adresses de charme. Anecdotes, chroniques des plaisirs et surprises d'un métier qui fait rêver.
  • Contact

Recherche

Catégories

Liens